Jef Aérosol, en un seul nom, l’univers nous est donné. On peut déjà entendre la bille qui résonne contre les parois de la bombe de peinture et sentir le solvant libéré en spray.
Né à Nantes en 1957, Jean-François Perroy alias Jef Aérosol, est un artiste peintre et graffeur français. Il appartient à la première vague des street artists qui ont développé l’art du pochoir dans les années 1980, les pionniers du genre à cette époque, portés par le mouvement hip hop qui émerge. Blek Le Rat, Miss Tic ou Epsylon Point, autant de noms qui sont aujourd’hui considérés comme de véritables icônes et pères fondateurs de l’art urbain.
Dans toute la France, on voit émerger sur les façades des personnages dont seule la silhouette noire permet de leur donner vie. Jef Aérosol débute à Tour, Orléans ou Lille avant de s’attaquer à Londres, Rome, Lisbonne ou Bruxelles… Ce goût de la rue, Jef Aérosol le doit au mouvement punk qui fait alors du bruit en 1980, un pogo culturel qui entraîne sur son parcours les artistes venant différents horizons.
Avant de débuter sa carrière, Jef Aérosol était alors professeur d’anglais, mais son appétence pour la musique et l’art en général le pousse doucement à changer de voie. Il s’inspire des affiches et de l’iconographie rock, étant lui-même membre d’un groupe, et va puiser parmi les figures du genre, à base de Clash ou de Bob Dylan, ainsi qu’auprès des pochettes vinyles.
Lorsque que l’artiste se lance dans l’art éphémère, la musique n’est cependant pas son unique moteur créatif. Au-dessus de lui, plane de grands noms tels qu’Ernest Pignon Ernest ou Georges Rousse, artistes indétrônables dans le maniement des surfaces murales.
Au commencement, les sujets de ses pochoirs ne sont autres que l’artiste lui-même, des selfies de Jef Aérosol. Par la suite il va ré exploiter les personnalités de la rock génération, Elvis Presley ou Jimmy Hendrix, et figer leurs portraits entre deux ruelles, mais vedettes ou non vedettes, tout un chacun devient VIP (Very Important Pochoir) à ses yeux. C’est ainsi qu’il va prendre pour modèles les musiciens qu’il croise dans les rues, les passants et les peindre.
Son œuvre rencontre un franc succès et est particulièrement reconnaissable par la flèche rouge qui accompagne toutes ses peintures graffiti, mais qui ne connait pas encore d’explication précise. On retiendra notamment son pochoir « Sitting Kid », symbolisant un jeune enfant seul et replié sur lui-même. Un motif qui a fait le tour du monde, atteignant désormais la muraille de Chine.
Mais la distance n’est pas sa seule victoire. Sur un mur de Paris, faisant face à la fontaine Stravinsky de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, un visage nous regarde, les yeux saillants en nous signalant clairement qu’il est temps de se taire. « Chuuut » est l’œuvre la plus grande jusqu’alors de Jef Aérosol, mesurant 350 m2 (22 x 14 m).